Les landes putrides des Vallées macabres
Lors d'un cours d'un ennui mortel,
Enoncé par un professeur solennel,
Enivré par le sommeil, tels les Dieux par l'Hydromel,
Dans les bras de Morphée j'ai cédé afin de fuir le réel.
Ma rêverie somnolente
M 'entraînant sur une douce pente,
En un autre lieu je vins
Où le réel n'est plus rien.
L'herbe clairsemée est noircie,
Les rocs par un volcan durcis,
L'air devient irrespirable
Envahi par des relents abominables
Les miasmes viennent de la terre elle même
Condamnée par un puissant anathème
Les saints, de corps et d'esprit
Ont depuis longtemps fui ce lieu maudit.
Ne laissant derrière eux
Pas même les restes de leurs aïeux.
Pourtant il y a tout un foisonnement
De morts ça et là gisants.
De leurs restes pourrissant
Emanent les fétides relents
A l'origine du flétrissement
En ce lieu ou rien n'est vivant.
Je me promène léger
Dans ces terres dévastées
Tel les spectres, éthéré,
Cherchant les secrets inhumés.
Et c'est la que la Mort j'ai trouvé,
Cette Amante désenchantée
A laquelle nul ne peut échapper
Sans être condamner à sans cesse errer.
Ma tendre mie m'appelle,
Sa voix sépulcrale m'ensorcèle,
Le long des rivages décrépits
Des obscurs étangs maudits.
Dans l'onde de ces eaux stagnantes,
L'on peut voir nager l'épouvante
Les êtres qui grouillent en ces lieux,
Sont plus morts qu'on le peut,
Et pourtant ils s'animent,
Dans d'immondes abîmes
D'où ils chuchotent leurs secrets
Qu'à jamais l'Homme hait.
La vérité est un mensonge,
Cela n'apparaît qu'en songe,
Dans ces vallées trépassées
Ou seule la Mort peut régner.
M'éloignant des étangs,
Je m'en vais plus avant
Errant dans la plaine,
Dans des décors obscènes.
Devant mes yeux émerveillés par l'obscurité
S'étalent les ruines d'une antique cité.
La mémoire de ces lieux insondables
A souvenir d'odieux cultes innommables.
Sur les murs sont gravées ses traditions,
Les runes révélant des abominations.
Cet endroit de cauchemar
Rappelle les plaines d'Angmar
Dont les Dieux en un terrible choc
Tous périrent quand vint Ragnarok.
Au delà de ces ruines,
Aspergées d'étranges bruines,
Les landes putrides continuent
D'étaler la mort à perte de vue.
Je ne peux que m'égarer
Et sans cesse trébucher
Manquant de peu de plonger
Dans les profondeurs insondées
Des marécages putréfiés
Dont les plaines sont parsemées.
Mais la Mort toujours m'appelle,
Cette amante à jamais fidèle,
Dans ses bras glacés
Veut à jamais m'enlacer
Je la laisse me guider
Dans les terres embrumées.
Apparaissent d'étranges oiseaux
Qui semblent surgir des tombeaux
Décorant à présent
La plaine ou j'erre péniblement.
Howard et Edgard eussent aimé
Marcher dans ces terres dévastées
Survolées par ces indicibles volatiles
Dont l'allure plus encore que l'odeur est vile.
Leurs étranges mouvements
Tracent des signes infamants
Contenus dans de sinistres écrits
Que cachent quelques érudits
Qui poussés par la folie
On lu ces manuscrits impies.
Pataugeant dans les eaux spongieuses
Des landes marécageuses,
Par moment je m'embourbe
Dans la fange et la tourbe
Imprégnant mes vêtements
D'immondices répugnants.
Les morts qui gisent dans ces marais
Tentent de m'y engloutir à jamais
Me tirant par les pieds
Pour mieux m'enliser.
Les montagnes éloignées
Sont alors a mes yeux révélées,
Ses haut sommets déchiquetés
Sont pris dans des nuées
Formées une masse grouillante
Toute aussi morte que vivante.
D'âmes perdues et d'esprits égarés
Est ce macabre nuage composé.
Il ne m'est plus besoin de penser,
Devant mes yeux émerveillés
Mes rêves hideux sont étalés
En un semblant de réalité.
La Mort sur son trône de glace
Attends que mes bras l'enlacent.
Au pied d'un tas d'ossements
Je me trouve à présent
N'ayant que cet obstacle à franchir
Pour enfin mon Amante chérir.
Mais une voix fluette
Trop douce et trop honnête
Pour ces vallées funestes
Ou ne gisent que des restes
Me ramène à la réalité.
A présent réveillé,
A mi-voix maudissant
Ces fichus êtres vivants
Nous sortant de la douce trêve
Où nous plonge nos rêves
Afin de nous garder
Dans ce qu'ils croient vérité
Où le mensonge est maître
L'être masqué par le paraître.
Je n'écoute déjà plus leurs jacasseries futiles,
Ces innombrables discours stériles
Replongeant éveillé
Dans les terres désolées.
Jeu 4 Jan - 22:56
